Parmi les trésors peu connus de notre commune, les retables de l’église St Adrien sont célèbres à l‘étranger.
En fait, ces retables représentent, l’un le martyre de St Adrien, l’autre celui de St Christophe et datent respectivement des 15ième et 16ième siècles.
Du retable de St Adrien ne restent que 2 caisses néogothiques (de 212 cm par 86 cm), l’une représentant la flagellation et l’autre le bûcher du martyr Adrien, officier romain à l’époque de l’empereur Maximien, probablement d’après la Légende Dorée de Jacques de Voragine
Ces éléments sont datés de ca 1490-95 et attribués au sculpteur bruxellois Jean Borman le Grand (Jean II). Le retable dont elles faisaient partie aurait été commandité par le Serment des Arquebusiers pour la chapelle de Boondael dont ils étaient propriétaires.
Le retable de St Christophe, quant à lui de facture inconnue mais moins fine que celle du retable de St Adrien, aurait été commandité vers 1520 à un atelier anversois par le Serment des Arbalétriers de Bruxelles pour orner la chapelle du Grand Serment de l’église Notre-Dame des victoires du Sablon et aurait été racheté à la fin du 16ième siècle par le serment des arquebusiers pour orner la chapelle.
La vie de ces pièces remarquables fut pour le moins mouvementée tout comme celle de la chapelle qui d’oratoire à chapelle paroissiale connut de destructions, pillages et …reconstructions (mais ceci est une autre histoire…. passionnante).
Ainsi le retable de St Christophe fut vendu lors de la Révolution française à des brocanteurs à qui une pieuse boondaelienne (la veuve Schauman) le racheta pour le rendre à la chapelle St Adrien
En 1842, la Fabrique d’Eglise voulut le vendre, heureusement sans succès.
En 1855, les 2 retables étaient, d’après A. Wauters, rassemblés en un seul, celui de St Christophe au centre, l’ensemble renseigné comme « retable de St Adrien ».
Une première restauration de ces œuvres en 1866 ne fut pas des plus réussies et fut à l’origine de la séparation des 2 retables.
Lors de l’édification de 1939 à 1941 de l’église St Adrien sur le plateau du Solbosch en remplacement de la chapelle, (actuellement centre culturel au square du Vieux-Tilleul), les retables y furent transportés.
l’IRPA restaura , en 1999-2000 de façon magistrale ces pièces remarquables grâce au mécénat de D’Ieteren s.a.
La flagellation et le bûcher de St Adrien
Les détails de la scène et la qualité de la sculpture sont tout à fait remarquables. Cette dernière présente une surface particulièrement lisse et une grande finesse dans les détails sans parler du rendu des drapés des vêtements.
L’expression des personnages méritent de s’y arrêter, particulièrement dans la scène de la flagellation où l’épouse de St Adrien, Nathalie, dans un une attitude d’encouragement pour son époux, loin d’être affligée, présente un visage inspiré.
Les décors peints sont riches de motifs textiles et de bordures décoratives ornées de festons.
Le retable de St Christophe
Celui-ci diffère du précédent par une facture un peu moins fine mais les variétés d’attitude et d’expression des personnages donne beaucoup d’animation à ce retable très dense en personnages et scènes (4 épisodes représentés à grande échelle dans 3 niches : St Christophe épouvante son juge, il subit le supplice du casque rougi au feu, il est percé de flèches, il est décapité – les autres supplices, au nombre de 7, sont représentés sur les côtés).
Cette huche en forme de T renversé est pourvue sur chacun de ses côtés de panneaux peints qui figurent les donateurs, entre-autre Henri de Dondelberghe qui fit reconstruire la chapelle en 1587.
Les grisailles des revers de ces panneaux représentent respectivement Sainte Barbe et Saint Christophe.
Compte-tenu de la valeur de ce patrimoine, Il n’est possible de voir ces œuvres remarquables que sur rendez-vous à prendre via le site paroissesaintadrien@gmail.com
Références bibliographiques :
– Retables de saint Adrien et de saint Christophe, dossier réalisé conjointement par l’institut royal du Patrimoine artistique et de l’Université Libre de Bruxelles
– Guide Bruxellois des Retables édité par Temporal ULB